La seconde étape doit nous mener sur le chemin du camp de base du Makalu en passant le col du Lumba Sumba (5200m) ce qui, au vu de notre bonne acclimatation, ne devrait être qu’une petite promenade de santé.
Ce ne sera absolument pas le cas et cela restera un des souvenirs les plus forts de notre trek.
Le col du Lumba Sumba permet de passer de la vallée du Kanchenjunga vers celle du Makalu, via deux cols à 5200m d’altitude (1h de marche entre les 2cols). Pour notre voyage c’est le seul passage obligatoire. Si nous ne passons pas ce col, nous devons revenir sur nos pas jusqu’à Taplejung et rallier Turmlingar à travers les collines.
Au départ de Ghunsa, nous montons vers un premier col à 4800m : le nanga la. Le premier jour nous amené à 4100m, dernier endroit pour bivouaquer (après, il n’y a plus d’eau). Il y fait très froid et il commence même à neiger en soirée. on se glisse sous la tente et dans les duvets en attendant le dîner qui est servi « au lit » à 17h30. On est couché à 18h30.
Au réveil, on a la surprise de trouver une fine pellicule de neige mais le soleil étant au rendez vous, nous pouvons profiter du paysage magnifique lors du passage du col en milieu de matinée. Ensuite, grosse descente de 1200m avant de bivouaquer à nouveau.
Le jour suivant nous amène au village de Olanchung gola (pour les linguistes, cela veut dire : le lieu où le loup montra le chemin (du Tibet), village commerçant avec le Tibet ( plus accessible que les villes népalaises). Le chemin est très mauvais, même détruit à plusieurs endroits par de gros glissements de terrains, nous forçant à des petits détours et à traverser pied nu un torrent .
Notre guide se ravitaille sur place car nous avons normalement 2 jours sans ravitaillement. Bien lui a pris, ces 2 jours vont se transformer en 5 à cause de la grosse tempête qui a touché le Népal le 14 Octobre.
Au départ de Olangchung Gola, le temps n’est pas au beau, nous chaussons la cape de pluie vers 11h et nous mangeons. notre « lunch pack » sous les arbres pour nous protéger de la pluie. Nous décidons de nous arrêter 1h plus tard
vers 4000m bien avant le ‘pass camp’ ou nous devions camper. Un peu au dessus de nous, c’est de la neige qui tombe.
Le lendemain, nous partons sous la pluie. Nous avons du mal à trouver le chemin et nous devons traverser un torrent pour retrouver le chemin en face.. Luc tente de passer à un endroit un peu glissant; il finit les 2 jambes dans le torrent, alors que je n’arrive à traverser qu’avec l’aide de Purba. Les 2 porteurs préfèrent déchausser et traverser nu pied. La pluie s’est transformée en neige, et il est donc de plus en plus difficile de voir le chemin Après deux petites heures, nous arrivons sur un plateau ou le chemin a disparu alors que la neige continue de tomber. Nous décidons de camper à l’abri d’un gros rocher et attendre le lendemain en espérant une amélioration météorologique. Vers 19h, un très gros orage tourne autour de nous et la tempête redouble de violence puis le calme revient. Couché dans la tente, Luc et moi pensons que la neige s’est arrêtée de tomber car nous n’entendons plus rien. Tout d’un coup, la tente se met à trembler. Après un petit moment de panique, nous découvrons que c’est Purba qui la secoue pour faire tomber la neige et éviter qu’elle ne se brise sous le poids. En fait, le neige recouvrant la tente,nous n’entendions plus le bruit de la tempête.La neige continue à tomber jusque vers 1h30 et il faut secouer régulièrement la tente pour éviter qu’elle ne s’écroule.
Au réveil, nous découvrons 50 cm de neige et un grand soleil, .Nous décidons de ne pas passer le col le jour même car il y a trop de neige, et après discussion, nous nous octroyons une journée de repos pour éventuellement tenter le passage du col le lendemain.
Cette journée nous permet de faire sécher toute nos affaires, et même un brin de toilette (un brin car l’eau du ruisseau est un peu gelée). On se permet même uen sieste au soleil et une petite balade dans la neige dans l’après-midi. Résultat : gros coup de soleil le soir !!!
Le jour suivant nous attaquons la montée sous un beau soleil même si la neige n’a pas vraiment fondue. Nous suivons les traces d’un groupe qui avait décidé de passer la veille. Cela nous aide bien, car c’est déjà épuisant de marcher dans la neige. Par endroit,on a de la neige jusqu’au genoux. je pense encore à nos porteurs, qui avec leur petite taille et leur grosse charge avaient encore plus de difficultés.
Nous arrivons au premier col en fin de matinée après être passé à côté de 3 lacs chacun plus gelé que le précédent. La vue sur le Kanchenjunga est magnifique. Il est encore plus impressionnant que depuis le camp de base. Une grosse heure nous permet d’atteindre le second col avec cette fois une vue sur le Makalu. On déjeune rapidement notre pack punch ( 2 chapati, un peu de fromage de yak, et 2 rondelles d’imitation de saucisson), avant d’attaquer la descente. Nous nous arrêtons à la nuit juste sous le niveau de la neige. Nous sommes épuisés par cette journée de 8h de marche dans la neige avec +1000m de montée et -600mde descente. On est à 4600m; mes guêtres sont gelées et il n’est que 17h. La nuit va être fraiche !
Au réveil, il doit faire au dessous de zéro (l’avantage de ne pas avoir de thermomètre, c’est qu’on ne peut jamais être sur !) ; le soleil qui apparaît n’arrive pas à nous réchauffer, car il s’accompagne d’un petit vent qui va nous accompagner pendant les 3 heures de descente jusqu’à Thundam, village de 25 maisons (dont 12 abandonnées) dont la seule occupation des habitants est l’élevage des Yak (et boire de la tungba, bière locale faite à partir de mil qui fermente directement dans le verre ou la bassine du buveur). Nous logeons chez l’habitant, ce qui nous permet de découvrir que la tungba se boit aussi au petit déjeuner ( dur la vie en montagne).
Les deux jours suivants, le chemin, très mal entretenu, traverse une jungle épaisse et n’est pas toujours évident à suivre. Nous nous sommes perdu une fois chaque jour. Ce qui nous a permis de connaitre un proverbe népalais : « Quand tu es perdu dans la forêt, surtout ne fait pas demi-tour, continues tout droit, tu retrouveras peut être le chemin ». Je passe sur les glissades, bâtons tordus, morsures de sangsues, glissement de terrain que nous avons du traverser. Ces deux journées ont été un enfer !!!!
Le plus frustrant, c’est qu’après la première journée ou nous n’avons croisé personne, nous découvrons que le seul endroit de bivouac possible est entièrement rempli par 4 tentes de touristes américains partant faire le col dans le sens inverse. En plus il se met à pleuvoir. Purba emprunte une machette pour défricher un espace afin de planter nos 2 tentes. Bien sur il fait déjà nuit pour que ce soit plus simple.
Nous arrivons enfin au village de Chyantang qui se trouve à 2200m, et nous apprécions de retrouver la civilisation ainsi que des températures clémentes en soirée.
Nous continuons les 4 jours suivants à descendre la vallée en traversant villages (Hatya, Gola, Sima)
Après les 5 jours dans la neige et les 2 jours dans la jungle, c’est un vrai plaisir que de suivre ces chemins bien tracés, de rencontrer des villageois, de longer descu et de profiter d’hébergements simples et de manger un bon dal bhat au coin du feu pour finir la journée de marche.
Notre descente se termine dans le village-bazar de sedua
Le tracé du GHT prévoit normalement de passer par les montagnes après le village de chyantang, mais au vu des difficultés rencontrées durant les 2 jours de Jungle et celles annoncées pour les 8 jours de traversée des montagnes sans aucun village, nous avons décidé de rallier le Makalu Base Camp par le trek classique à partir de Seduwa.
